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de la vie de Mahomet.

gageure est acceptée. Le soleil était au plus haut de son cours. Aucun nuage n’interceptait ses rayons. Mahomet commande aux ténèbres, et elles voilent la face des cieux. Il commande à la lune, et elle paraît au firmament. Elle quitte sa route accoutumée, et bondissant dans les airs, elle va se reposer sur le faîte de la Caaba. Elle en fait sept fois le tour, et vient se placer sur la montagne d’Abu-Cobaïs où elle prononce un discours à la louange du prophète. Elle entre par la manche droite de son manteau, et sort par la gauche ; puis, prenant son essor dans les airs, elle se partage en deux. L’une des moitiés vole vers l’orient, l’autre vers l’occident ; elles se réunissent dans les cieux, et l’astre continue d’éclairer la terre.

Ces rêveries, inventées par des visionnaires, longuement décrites par Gagnier, ridiculement combattues par Maracci, et par le docteur Prideaux, sont regardées comme apocryphes par les musulmans mêmes. Abul-Feda et les plus sages historiens, loin de les attribuer au législateur de l’Orient, n’en ont pas même parlé. Ils les ont jugées dignes d’un oubli éternel. Ce silence aurait dû rendre circonspects les écrivains modernes qui les citent avec emphase, soit pour exalter, soit pour déprimer Mahomet. Il doit être jugé sur ses actions et ses écrits, et non sur les visions que lui ont prêtées des fanatiques. Loin de s’attribuer le don des miracles, il déclare dans vingt endroits du Coran, que Dieu donne cette puissance à ceux qu’il veut de ses serviteurs, mais qu’il n’est chargé que de la prédication[1]. Ce n’est point l’aveu de la modestie, c’est

  1. Quelque signe divin distingue-t-il le prophète ? demandent les incrédules. Tu n’es chargé que de la prédication. Le Coran, page 239, chap. 13, t. Ier.

    Si l’on exigeait de toi que tu fisses paraître un trésor, ou qu’un ange t’accompagnât, ne t’afflige point, ton ministère se borne à la prédication. Page 225, t. Ier.