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abrégé

parce qu’elles en prêtaient un semblable[1], et qu’il n’engageait point à prendre les armes pour la guerre sacrée.

Reconnu chef suprême de la religion, Mahomet renvoya les[2] auxiliaires à Médine. Mosaab, disciple fervent, fut chargé de les accompagner et de les instruire. Il devait leur enseigner les cérémonies religieuses du nouveau culte, et leur lire le Coran. Il s’acquitta avec ferveur de cet emploi. À son arrivée, Açad, un des six premiers Cazregites qui avaient cru à la mission de Mahomet, alla le recevoir, et lui fit accepter un appartement dans sa maison. Osaid, seigneur arabe, craignant qu’on ne tramât quelque complot contre la patrie, vint les trouver. Il les aborda la lance à la main, et leur dit : « Quel dessein vous amène ici ? Êtes-vous venus reconnaître l’état de nos forces ? Quittez les murs de Médine, et si vos jours vous sont chers, partez promptement. » Asseyez-vous, lui répondit froidement Mosaab, et écoutez. Il prit le Coran, lui lut quelques versets, et lui exposa les principes fondamentaux de l’islamisme. Osaid trouva la doctrine admirable, et se fit musulman. Intimement lié avec Saad, prince des Awasites, il va le trouver, lui vante la nouvelle doctrine, et le conduit chez Açad, son parent. « Prince, lui dit celui-ci, si les liens du sang n’étaient des titres auprès de vous, je ne souffrirais pas qu’on vous entretînt dans ma maison d’une affaire qui peut vous être désagréable. Seigneur, ajouta Mosaab, daignez m’entendre ; si ma proposition vous agrée, je continuerai ; si elle vous déplaît, je m’arrête sur-le-champ. » Alors l’habile ministre prenant le Coran lut les passages les plus propres à faire impression sur l’esprit de Saad : il réussit au gré de ses désirs. Le prince des Awasites devint croyant.

  1. Abul-Feda. p. 41.
  2. Les habitans de Médine, qui embrassèrent l’islamisme, qui prêtèrent serment d’obéissance à Mahomet, et s’enrôlèrent sous ses étendards, furent nommés Elansar, les auxiliaires.