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que Jésus ait su lire et écrire, bien qu’on ait peine à se représenter le fondateur du Christianisme dépourvu de ces connaissances primaires. Les textes coraniques que l’on peut invoquer, en faveur de l’affirmative, ne sont, en effet, guère plus probants que les textes évangéliques à l’appui de l’instruction élémentaire de Jésus[1].

Toutefois, il paraît bien peu admissible, étant donnée la perfection du style coranique, que Mahomet ait été un illettré[2]. Le classicisme et l’éloquence de la composition du Livre saint des Arabes suppose, nous semble-t-il, la connais-

  1. Le témoignage de l’Évangile de Jean, 8 v. 6 (il s’agit ici de l’écriture) qui est le plus positif est très vague, et tiré d’un livre écrit plus d’un siècle apr. J.-C. (Voy. notre Histoire de la Bible, Payot, Paris, 1924, p. 161 ss.). Sur la lecture, voyez la tradition postérieure (fin du Ier siècle) de l’Évangile de Luc, 4 v. 16. Sur cet Évangile, voy. notre Histoire de la Bible, p. 160. Comp. Matt., 13 v. 54 et Marc, 6 v. 1 ss., qui semblent faire allusion au même fait, mais qui parlent seulement d’enseignement.
  2. Le témoignage de la Sourate 7 v. 156, où Mahomet est qualifié de ennabiyya l’oummiyya, prophète illettré ou bien prophète des peuples (des Gentils, d’après la traduction de Palmer), est peu précis ; le contexte, d’ailleurs, semble indiquer un langage emphatique, voulu par le Prophète, c’est-à-dire une exagération intentionnelle pour mettre plus en évidence son rôle d’inspiré de Dieu. La même expression arabe se trouve S. 7 v. 158 et S. 6 v. 2.