Page:Le Corbeiller - La Question Jean Cousin, paru dans le Bulletin de la Société de géographie, 1898.djvu/6

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pour le tenir dans le devoir, et de ses discours persuasifs pour rassurer ses matelots et leur communiquer ce feu de gloire et cette espérance de profit qui seuls ont pu engager des hommes à hazarder leur vie pour chercher des terres dans des mers dont on ne savoit ni l’étendue ni les dangers.

« Outre ce tort personnel de Pinçon envers son capitaine, il étoit encore répréhensible vis à vis des armateurs, pour une action contraire à leurs intérêts, et à l’esprit de bonne foi avec lequel ils vouloient qu’on agit dans les échanges, afin de mériter la confiance de ceux avec qui ils traitoient. Pinçon avoit été, envoyé à terre avec six à sept hommes de l’équipage, pour échanger des marchandises avec les habitants de la côte d’Angole. Les effets réciproquement proposés, avoient été placés à côté les uns des autres ; mais les Africains demandoient une augmentation, que Pinçon ne vouloit point accorder ; ce dernier avoit usé de violence, et s’étoit emparé de force, des marchandises présentées par les premiers, qui, pour s’en faire raison, vinrent assaillir les Dieppois lorsqu’ils embarquoient les marchandises ; de sorte que ceux-ci avoient été obligés de se servir de leurs armes à feu, et avoient tué plusieurs Africains ; ce qui les avoient tellement épouvantés, qu’ils ne voulurent plus se présenter pour faire d’autres échanges.

« L’hôtel de ville qui faisoit alors le service que la jurisdiction de l’amirauté fait aujourd’hui prit le témoignage des officiers subalternes et des matelots de ce navire, et tous les faits ayant été constatés, il fut jugé que Vincent Pinçon, convaincu de s’être écarté des principes de la subordination, de bonne foi et de douceur nécessaires pour la prospérité de la navigation et du commerce, étoit déclaré incapable d’être à l’avenir employé comme officier sur les navires de Dieppe.

« Furieux de ce jugement, Pinçon quitta cette ville, et fut demander du service à Gênes. Il y a lieu de penser qu’il eut par la suite occasion de connaître Christophe