Page:Le Corset de Toilette.djvu/25

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riers et tailleurs respirèrent. Le corset était sauvé ! Et l’on put disposer d’une telle quantité de baleines qu’on en introduisit jusqu’à 104 dans le même corset !

On conçoit ce que devait être la rigidité de telles carapaces.

Sous Louis XV et Louis XVI, nobles, bourgeoises et roturières porteront le corset et se serreront à l’envi pour obtenir une taille plus fine, plus allongée, que l’ampleur des paniers mettra plus en relief encore.

Pour avoir une idée exacte de ce que le corset était à cette époque, il faut examiner ce qu’il donne à la toilette et à la tournure dans les ravissantes peintures de Nattier représentant les filles de Louis XV, et surtout dans le magnifique portrait en pied de Marie-Antoinette.

Époque Louis XV. Corset coniforme soutenu par une multitude de baleines.

Le corset est devenu nettement coniforme. C’est un véritable cornet compressif, fort peu gracieux. Il sanglait la taille, immobilisait et déformait les côtes inférieures en relevant les seins jusqu’aux clavicules. Il s’enfonçait, rigide, dans les plissures des festons qui ornaient les paniers à tournures. Il ne fallait rien moins que la majesté d’allures, la beauté altière et délicate d’une reine pour idéaliser de tels atours. Mais si cette mode prospéra, ce ne fut pas au gré de l’empereur Joseph d’Autriche. Effrayé des atteintes que le corset portait à la santé publique, il s’efforça d’en dégoûter les femmes honnêtes en ordonnant que « les reprises de justice » en porteraient comme une marque d’infamie. Au grand étonnement de l’Empereur, cette prescription n’eût qu’un effet tout relatif. On comprend sa déception. Les femmes continuèrent à se serrer à tel point que des estampes du temps représentent soubrettes et valets suant et soufflant