Page:Le Dantec — L'Athéisme.djvu/110

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possible, s’ils ne raisonnent pas et s’ils acceptent sans discussion les données de leur conscience. C’est ce qui se produit dans notre société laïque actuelle qui n’est sûrement pas plus mauvaise qu’une autre ; il est vrai que les laïques d’aujourd’hui ne sont pas des athées pour la plupart, mais seulement des indifférents en matière de religion.

Cette indifférence en matière de religion pourra-t-elle se conserver pendant de nombreuses générations sans nuire à la conscience morale héréditaire ? Il faudrait, pour répondre à cette question, savoir exactement quel a été le rôle de l’idée de Dieu dans la genèse de notre conscience morale. Étant donné ce qu’est l’homme aujourd’hui, il me semble que l’obéissance aux lois doit suffire à entretenir la conscience transmissible du bien et du mal, d’autant plus que, pour vivre sans crainte, l’homme a le plus grand avantage à se faire aimer de ses congénères, et qu’il vaut mieux, comme dit Diderot, pour son bonheur en ce monde, être un honnête homme qu’un coquin.

Je ne me suis placé, dans toutes ces considérations, qu’au seul point de vue de l’utilité sociale, de la valeur sociale des athées. Mon athéisme fondamental m’empêche de me placer à tout autre point de vue, puisque je ne reconnais pas de principe absolu. « Les droits de l’homme » sont, dans cette manière de raisonner, la conséquence de la capacité de nuire qu’a chacun ; pour se mettre en