ayant longtemps vécu en société, héritage résultant de la fixation, dans notre structure, d’une partie des lois sociales des temps passés, et que l’on appelle la conscience morale ; l’origine utilitaire de notre conscience morale est évidente, quoique aujourd’hui, à cause des nouvelles conditions de la société humaine, cette conscience morale soit souvent en contradiction avec l’observance des lois. Elle a néanmoins encore du bon, parce qu’elle met un frein aux appétits personnels d’individus trop disposés à oublier qu’ils vivent en société ; mais elle a du mauvais aussi, puisqu’elle peut nous imposer un devoir ancien qui ne concorde pas avec notre devoir actuel.
Il y a de tout cela dans l’homme, et d’autres choses encore auxquelles je ne pense pas pour le moment, sans compter celles que j’ignore ; et nous mettons de tout cela dans notre science. Cela n’aurait pas lieu si nous acceptions avec Kant de réduire la science à l’ensemble des vérités susceptibles d’une expression mathématique.
En attendant, nous sommes convaincus, vous et moi, que nous nous livrons en ce moment, à une discussion scientifique ; et cependant son inutilité est évidente ; nous y mélangeons de la logique, de la métaphysique, voire même de la morale, et cela est très agréable ; il faut bien faire fonctionner son mécanisme, et il y a de la métaphysique dans notre mécanisme, comme il y a des pattes à un