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LE MIMÉTISME PROTECTEUR

ment les cas d’habitat homochromique sont si fréquents, soit par la fixation d’un instinct spécial qui a déterminé le choix de l’habitat en fonction de la couleur, soit par la disparition des types hétérochromiques, moins favorisés dans un habitat donné.

Encore cette explication est-elle un peu simpliste ; à telle ou telle couleur de robe peuvent être inhérents d’autres dangers pour l’espèce que ceux qui proviennent de la plus ou moins grande visibilité des individus ; Darwin cite lui-même à ce sujet un cas de corrélation bizarre : « Le professeur Wyman m’a récemment communiqué, dit-il, une observation très intéressante. Il demandait à quelques fermiers de la Virginie pourquoi ils n’avaient que des cochons noirs ; ils lui répondirent que les cochons mangent la racine des lachnanthes, qui colore leurs os en rose et fait tomber leurs sabots ; cet effet se produit sur toutes les variétés, sauf sur la variété noire. L’un d’eux ajouta : Nous choisissons, pour les élever, tous les individus noirs d’une portée, car ceux-là seuls ont quelque chance de vivre[1]. »

Voilà un cas de corrélation entre le pigment d’un animal et sa résistance à une cause de destruction qui semble n’avoir aucun rapport avec la pigmentation. Le hasard l’a fait découvrir, mais combien d’autres cas analogues doivent exister que nous ne connaissons pas ! Or, toutes les causes de destruction interviennent dans la sélection naturelle et l’on risque souvent de fausser le principe de Darwin quand on l’applique à des cas dont on croit connaître toutes les conditions importantes, alors que l’une d’elles a pu passer ina-

  1. Darwin, Origine des espèces, trad. Barbier, p. 13.