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MIMÉTISME DARWINIEN ET MIMÉTISME LAMARCKIEN

semblent habitent la même contrée, le même district et, dans beaucoup d’exemples, le même lieu.

2e Loi. — Les animaux n’imitent pas n’importe quels autres animaux, sans distinction, mais seulement certains groupes qui sont, dans tous les cas, abondants en espèces et en individus, et sont souvent pourvus d’un moyen de défense spécial bien constaté.

3e Loi. — Les espèces qui imitent ces groupes prédominants sont comparativement peu abondantes en individus et souvent très pauvres[1].

L’intérêt des deux dernières lois est évident ; il est certain que s’il y a un seul papillon comestible au milieu de mille papillons analogues à goût infect, l’expérience des oiseaux ayant porté plus souvent sur les derniers protégera le premier bien plus efficacement que si la première espèce était plus nombreuse ou seulement aussi nombreuse que la seconde.

Quant à la première loi, elle montre qu’il ne faut pas attribuer le mimétisme au hasard seul, ou tout au moins que si la ressemblance a été fortuite d’abord, la sélection naturelle est intervenue ensuite pour la conserver et la développer ou encore pour fixer héréditairement l’instinct grâce auquel l’espèce protégée cohabite avec l’espèce protectrice.

Au point où nous en sommes et étant donnée son utilité incontestable dans tous les cas pour l’espèce imitatrice, il devient inutile de distinguer l’imitation qui a pour objet les animaux, les végétaux, les corps bruts ou la couleur du milieu, comme nous l’avons fait au cours de cet exposé. Il vaut mieux grouper les phénomènes d’imitation, comme l’a fait M. Giard,

  1. Wallace, op. cit., p. 75.