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LA THÉORIE BIOCHIMIQUE DE L’HÉRÉDITÉ

naturels auxquels on ne sait pas encore attribuer une structure moléculaire précise ! Sans doute, mais la chimie est une science si récente qu’il faut s’étonner du nombre extraordinaire des composés complètement connus et non pas de ce qu’il en reste encore beaucoup qui ne le sont pas. Quand un chimiste rencontre dans la nature un de ces derniers corps, il essaie de le caractériser par un certain nombre de réactions précises auxquelles on pourra toujours le reconnaître dans la suite et lui donne un nom provisoire en attendant que l’analyse ait révélé sa structure moléculaire. A-t-on le droit, tant que cette structure moléculaire n’est pas connue, de considérer comme chimiques les propriétés par lesquelles on a caractérisé le corps en question ? Voilà la grande objection à la théorie biochimique. Il est certain que cette objection n’a aucune raison d’être quand il s’agit d’une réaction aussi simple que la combustion par l’oxygène donnant de l’acide carbonique, ou de toute autre réaction dont on retrouve des milliers d’exemples dans les corps chimiquement connus. Mais il n’en est plus de même quand il s’agit d’une réaction toute spéciale, ne ressemblant à rien de ce que nous enseigne la chimie des corps bruts. Tel est le cas de l’assimilation, réaction caractéristique des corps vivants. Non seulement cette réaction ne ressemble à aucune de celles que l’on rencontre dans l’histoire chimique des corps bruts, mais elle paraît, au premier abord, être de nature absolument opposée. En effet, feuilletez un traité de chimie, revoyez une à une toutes les réactions qui s’y trouvent rapportées et qui sont relatives à tous les corps à structure moléculaire connue, vous constaterez, sans exception, que tout corps qui réagit chimiquement se détruit, en