La deuxième objection est que les corps vivants sont à l’état d’activité continuelle ; par exemple, ils s’oxydent sans cesse et dégagent sans cesse de l’acide carbonique. Or comment définir chimiquement un corps qui n’est jamais au repos chimique ? Tous les corps de la chimie peuvent être obtenus, pour un temps plus ou moins long, à l’état de repos chimique, et c’est à cet état qu’on les définit ; leurs propriétés les plus personnelles ne se manifestent cependant que par des réactions, c’est-à-dire à l’état d’activité. Cette deuxième objection vient naturellement de l’étude des animaux supérieurs chez lesquels, en effet, la substance vivante est à l’état d’activité continuelle, mais il y a un grand nombre d’organismes inférieurs dont la substance peut être conservée à l’état de repos chimique ; c’est ce qu’on appelle la vie élémentaire latente. On peut conserver dans un bocal, à l’abri des agents destructeurs, des spores de moisissures, tout comme on peut conserver du bromure de potassium ou du sulfate de soude. Il est donc plus facile d’étudier la vie élémentaire chez ces êtres inférieurs, mais même chez les êtres plus élevés en organisation et chez lesquels il n’y a pas de repos chimique, la difficulté n’est pas insurmontable, comme nous allons le voir. Et d’abord, considérons un corps brut à l’état d’activité incessante, le cours d’un torrent, un tourbillon dans un fleuve, par exemple. Ici, jamais de repos, mais néanmoins, déterminisme absolu. Autrement dit, si nous supposons connus, à un moment précis, tous les éléments du tourbillon (état chimique, vitesse de chaque molécule, température, etc.) nous pouvons prévoir