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L’HÉRÉDITÉ DES CARACTÈRES ACQUIS

Buffon n’a pas signalée parce que tout le raisonnement que je viens de faire est implicite mais non développé dans sa théorie. Comment s’acquiert la vertu hépative, cette vertu extraordinaire qui ressemble tant à la vertu dormitive de Molière ? Buffon ne s’en est pas inquiété, mais Weissmann nous l’expliquera fort ingénieusement, comme nous le verrons plus tard.

Il est impossible de ne pas retrouver dans cette théorie de Buffon une conséquence des théories précédentes de la préformation. L’embryon avec toutes ses molécules représentatives placées les unes par rapport aux autres exactement comme seront placés plus tard les organes de l’adulte et comme l’étaient ceux des parents, n’équivaut-il pas absolument à l’homunculus de Dalempatius ? Seulement, c’est un homunculus provenant à la fois de la substance paternelle et de la substance maternelle et s’il s’est constitué ainsi, semblable à eux, c’est à cause de la vertu déterminative des molécules organiques qui amène chacune d’elles à une place correspondant précisément à sa vertu représentative.

À l’époque où écrivait Buffon, les notions sur la structure intime du corps humain étaient trop rudimentaires pour qu’une tentative d’explication de la génération eût la moindre chance d’aboutir ; on ne peut donc reprocher au grand naturaliste de n’avoir pas réussi dans cet essai, mais il est regrettable qu’il se soit abusé lui-même et ait trompé ses contemporains par l’apparence scientifique de mots vides de sens, par des explications identiques, je le répète, à celles du médecin de Molière.

Il a fallu d’ailleurs que cette doctrine de la préformation fût profondément ancrée dans l’esprit des