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LE PROBLÈME DE LA FORMATION DES ESPÈCES

esprit se contente de la connaissance des lois élémentaires par lesquelles nous sommes sûrs que peut s’expliquer séparément chacun des mille petits mouvements dont le tourbillon est la résultante ; faisons de même en embryologie et cela nous sera d’autant plus facile que, nous le verrons plus tard, le principe de la sélection naturelle est un précieux fil d’Ariane dans les dédales de la complication histologique progressive.

Voilà donc le poussin constitué ; son mécanisme est d’une complication merveilleuse, mais comment se fait-il que ce mécanisme fonctionne de lui-même si naturellement ? Comment se fait-il que, si un grain de mil frappe son regard ou son odorat, cela suffise à déterminer chez lui cette série admirable de mouvements coordonnés, et que, sans aucune impulsion extérieure autre que celle qui lui vient de ses organes des sens, il donne un coup de bec précisément sur le grain de mil qu’il a vu ou senti, le saisisse dans sa bouche, l’avale, le broie dans son gosier, le digère, etc. Comment se fait-il qu’il puisse prendre de l’eau dans son bec, lever le cou et faire descendre si élégamment le liquide dans son estomac ? La Physiologie étudie tout cela et arrive de plus en plus à tout expliquer par le simple jeu des forces naturelles.

Donc, étant donné un œuf de poule, l’embryologie nous apprend comment, dans une couveuse artificielle, cet œuf devient poussin en trois semaines ; le poussin éclos, la physiologie nous explique comment il se fait qu’il exécute de si admirables opérations. Tout cela est déterminé dans l’œuf, nous en sommes certains.

Mais alors, comment se peut-il qu’un tel œuf, qu’un corps si merveilleux existe, dans lequel soient déterminés à l’avance tant de phénomènes d’une complexité