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nous cherchâmes à nous éclairer sur ce que nous devions faire un jour quand la nature nous aurait donné le pouvoir de nous déclarer ses zélés partisans et ses plus sincères émules.

Constance et moi nous eûmes les mêmes maîtres jusqu’à l’époque où, ne voulant plus recevoir de leçons que de l’amour, nous secouâmes le joug altier que la prudence mal entendue des parents impose à la jeunesse ; mais avant d’en venir aux grands moyens, les préludes les plus charmants indiquèrent quelles seraient un jour nos passions, et à peine avions-nous atteint l’un et l’autre l’âge de cinq ans, que des yeux observateurs furent à même de juger que je serais un jour le prosélyte ardent du plaisir, et Constance une courtisane moins intéressée que voluptueuse et passionnée.

À cet âge de cinq ans, mes lecteurs vont sans doute se récrier, et trouver impossible que l’on pût remarquer dans deux enfants, qui ne venaient pour ainsi dire que d’ouvrir les yeux à la lumière, ces indices caractéristiques de la bouillante ardeur de l’amour ; rien cependant de plus réel, et je passe aux preuves que je puis en donner.

Constance partageait avec moi les amusements