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quand ce serait moi, je n’en pourrais inventer une plus jolie.

— Vous êtes bien honnête, ma cousine ; pourtant je n’y entends point finesse, mais je m’étonne qu’il y ait tant de noms différents pour signifier à peu près la même chose.

— C’est, dit Suzanne, pour les faire trouver meilleurs, car, par exemple, quand on dit besogner, c’est qu’effectivement les hommes travaillent en nous quand ils nous exploitent. Enfiler, parce qu’ils nous enfilent comme des perles ; engainer, parce que nous avons la gaine et eux le couteau, et ainsi des autres mots qui sont plus doux. Mais avec tout cela, penses-tu que les hommes usent de tant de cérémonies entre eux ? Oh ! non, vraiment, ils nomment les choses par leur nom et se content leurs aventures dans leurs entretiens particuliers, ou sur le pas de leur porte ; rassemblés cinq ou six, ils se tournent et retournent de tous côtés, regardant toutes les filles ou femmes, et s’ils en voient quelqu’une dont ils aient déjà joui, ils ne disent pas simplement : j’ai baisé une telle, ils parlent plus énergiquement et disent : j’ai foutu une telle, ou bien : je l’ai grimpée une fois ; elle y prenait plaisir et remuait