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Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/832

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se trouvait dans une maison de prostitution. La nuit, elle croyait voir des jeunes gens parmi les ombres de la salle. Parce qu’elle avait des tremblements, elle se crut électrisée et ses sensations génitales, c’est l’idée, dit-elle, qui les créait. Il lui semblait qu’on venait autour de son lit pour coucher avec elle, que sa tête était une boîte d’où sortait de la fumée et à d’autres moments lui paraissait pleine d’eau. Elle voulait se sauver parce qu’elle croyait qu’on l’attendait dehors avec une auto. Elle regrettait tous les actes qu’elle avait commis, s’étonnait d’avoir été si malade, faisait des projets d’avenir raisonnables.

De fait, elle est guérie depuis longtemps et, toujours aussi jolie, mène une existence absolument normale.

Que s’était-il passé ? Bien sûr, en rapport avec sa formation, une poussée de désirs qu’elle a essayé de satisfaire dans la mesure où les conventions morales et sociales lui permettaient de le faire. Mais sa conscience s’est révoltée, le jour où celui qu’elle considérait comme son fiancé a brutalement découvert ses intentions. Et c’est huit jours après sa rupture, qu’inconsciemment, elle a commencé par accuser sa mère, puis ses sœurs de la suggestionner. Il semble bien que cette jeune fille désireuse de s’évader de l’emprise familiale, ne pouvant s’irriter contre l’ensemble des conventions morales et sociales qui demeurent à tout prendre des abstractions, ait associé les personnes qu’elle jugeait chargées de les faire respecter aux regrets de son renoncement et de sa contrainte : sa famille d’abord, le