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Page:Le Disque vert, nord, tome 2, 1922 - 1924.djvu/849

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dans le livre, la théorie même du Dr Freud, ou l’exposé de sa thérapeutique. Rien de plus abominable esthétiquement que ces drames où le manuel de psychiâtrie se trouve grossièrement illustré par des tableaux de la Foire aux pains d’épices (Musée Dupuytren et Musée anatomique interdits aux personnes au-dessous de seize ans), des pantomimes de mannequins (personnages invariables : le Docteur, l’Homme malade, la Femme malade…), et récité par petites tranches prétentieuses dont on s’étonne seulement qu’elles n’étouffent pas les acteurs qui les ont dans la gorge. La pièce à prothèse n’est pas moins effroyable que la pièce à thèse. Curel ne se relèvera pas de son indigestion d’idées. Lenormand est un exemple de cette erreur esthétique. L’originalité du ton et de la poétique dramatique est infiniment plus importante que celle des sujets. Ainsi le premier mérite des écrivains qui useront de la psychanalyse sera de ne jamais rappeler Freud. Ils seront psychanalystes — ou bergsoniens, ou durkheimiens, ou comtistes — comme Corneille est cartésien. L’artiste use — s’il veut et comme il veut — des découvertes de son temps en s’en assimilant l’esprit, avec infiniment de délicatesse, de doigté, de naturel, et sans cette application massive qui rend si comique la couleur locale de Dumas père. Les procédés doivent toujours rester secrets dans l’œuvre d’art.

La psychanalyse permet à l’écrivain d’user consciemment de vérités qui ont été pressenties par des écrivains des siècles passés, ou chez qui ces vérités se