trouvai plus rien de mon oncle que quelques miettes
d’ossements vermoulus. La faucille rouillée n’avait plus
forme humaine ; la lampe était brisée ; les médailles,
oxydées, n’avaient pas la moindre valeur. Je n’y recueillis
d’intact qu’un vase de terre cuite, dont je levai
le couvercle. Il contenait quelques poignées de froment,
qui semblait vanné de la veille, tant il s’était gardé
pur et sain dans cette espèce de silo mortuaire.
Dût-on m’accuser d’avidité ou d’avarice, je confesse
que je fus très faiblement enchanté de mes richesses.
Mes espérances avaient été plus loin qu’un litre de
blé ; et, quoique pythagoricien, j’aurais préféré de misérables
pièces d’or à mes liards de cuivre rongés de
vert-de-gris. Je n’en allai pas moins dans mon cabinet
ranger, avec tout le soin d’un respectueux antiquaire,
les dépouilles opimes de mon champ. Cela fait, je me
mis à réfléchir sur l’emploi de mes nouveaux trésors ;
et je n’eus pas besoin de réfléchir longtemps, pour m’apercevoir
qu’il était impossible d’en tirer parti. Cette
certitude me navrait, car, au moment de ma découverte,
j’avais compté sur elle pour une multitude d’améliorations
rurales, pour des agrandissements de territoire
immenses. Tandis qu’on était en train de faire
l’autopsie de mon tombeau, je renouvelais instinctivement
la fable de Perrette et du Pot au lait ; mais
j’en avais fait sortir tant de merveilles pendant qu’on
l’ouvrait, qu’il n’y restait plus rien quand il fut ouvert.
Cela me paraissait fort dur.
Faute de mieux, j’imaginai de composer un poème