Page:Le Fèvre-Deumier - Le Livre du promeneur ou Les mois et les jours, 1854.djvu/321

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LE CADRAN SOLAIRE.

Dans ce parc en décret, où n’entre plus que la tristesse, voyez-vous, sur cette colonne vermoulue, ce cadran dont la mousse a rongé les chiffres ? Le lierre l’aura pris pour quelque cippe tumulaire, tant il l’entoure de son deuil. Il ne s’est pas beaucoup trompé. Quel est le monument d ici-bas, qui ne puisse passer pour un tombeau ?

L’ombre comme autrefois s’y promène, et, sans que rien les précise, y marque encore les heures : les heures, qu’elle avait coutume de marquer, quand la science, le luxe ou la paresse venaient régler sur son passage les travaux, les concerts, les festins ou les danses du jour. L’homme orgueilleux rattache l’humble cours de sa vie au cours alter du soleil ; mais ce n’est pas la lumière, c’est l’ombre qui lui sert de compas.

N’est-ce pas celle du temps, qui descend et qui flotte sur ce disque échancré ; le temps, puissance occulte et sans voix, qui se fait un sépulcre de ses temples, qui sème l’herbe sur sa mémoire, qui s’enveloppe, a chaque pas qu’il fait, de l’oubli qu’il épar-