Page:Le Fèvre-Deumier - Le Livre du promeneur ou Les mois et les jours, 1854.djvu/427

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LES ÉTOILES QUI FILENT

Lorsqu’on voit, dans les nuits chaudes, filer à l’horizon ces légers éclairs, qu’on prend pour des étoiles détachées du ciel, on se dit souvent que, à la suite d’un beau jour, ainsi passent nos illusions, ou s’évaporent nos espérances ; comparaisons frivoles qui ne sont justes que sur un point. Ces volans météores fuient, il est vrai, aussi vite que nos joies ; mais ils éclairent, en fuyant, les ténèbres qu’ils traversent. Nos illusions, à nous, n’éclairent rien en nous quittant. Le firmament reste peuplé d’astres inextinguibles, quand le jour a fini d’y secouer les dernières étincelles de sa torche ; mais au ciel de la pensée, dont les espérances sont les étoiles, que reste-t-il, quand elles nous ont dit adieu ? Il demeure désert ; il est aride et sombre.

La science a poursuivi, dans leur chute, ces flocons lumineux, qu’elle appelle bolides, et qui viennent, à heure fixe, s’égarer dans notre atmosphère. Je sais ce qu’elle en dit ; mais nos impressions d’enfance sont plus fortes que ses raisons ; et pour moi, pour le peuple, pour la rêverie, que la science dédaigne au lieu de l’observer, le météore a gardé son nom. Quand ces