Aller au contenu

Page:Le Fèvre-Deumier - Le Livre du promeneur ou Les mois et les jours, 1854.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA MAIN D’ALEXANDRE

L’approche de la mort nous fait prendre en pitié les grandeurs de la terre ; elle désabuse jusqu’à l’ambitieux. On dit que, se sentant mourir, Alexandre, qui se décernait tout vivant des hécatombes de peuples, qui s’en allait par l’univers avec sa meute de soldats à la chasse des sceptres et des couronnes, ordonna qu’on l’ensevelît la main hors de la fosse, afin que chaque passant pût, en voyant cette main vide, juger ce qu’il gardait de ses conquêtes, et ce qu’on emporte au tombeau des trésors de ce monde. Leçon perdue ! Nadir et Gengis Khan n’ont point passé par là. Un seul conquérant, celui qui se moque de tous les autres, le Temps seul a pu la voir et ne l’a point respectée. En s’en allant faucher Babel et autres chaumes de cette espèce, il a marché dessus.

16 février