Page:Le Fédéraliste T. 1.pdf/178

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miſe à votre examen eſt une nouveauté dans l'ordre politique ; qu'elle n'avoit jamais encore trouvé place dans les théories des plus extravagans novateurs ; que c'eſt une folle tentative dont l'exécution eſt impoſſible : non, mes Concitoyens ! Fermez l'oreille à ce langage impie ; armez votre cœur contre le poiſon qu'il renferme. Le ſang fraternel qui coule dans les veines des Citoyens de l'Amérique, le ſang qu'ils ont verſé & confondu pour la défenſe de leurs droits ſacrés, ſanctifie leur Union & fait frémir, à la ſeule idée de les voir devenir étrangers, rivaux, ennemis. S'ils faut fuir les nouveautés, croyez-moi, la plus allarmante de toutes les nouveautés, le plus fou de tous les projets, la plus extravagante de toutes les tentatives, eſt ce déchirement qu'on oſe vous propoſer, comme le moyen de maintenir votre Liberté & de vous mener au bonheur.

Mais faut-il rejeter le plan d'une grande République, uniquement parce qu'elle renferme des idées nouvelles ? N'eſt-ce pas la gloire de l'Amérique d'avoir ſu, ſans manquer au reſpect qu'on doit au temps & à l'exemple des autres Nations, empêcher une aveugle vénération pour l'antiquité, pour l'habitude & pour des mots, de vaincre les conſeils de ſa rai-