avaient dû construire un ouvrage souterrain d’une puissance extrême.
Autrement, à l’époque de la fonte des neiges, il eût été à craindre que la force unie des deux cours d’eau ne bouleversât toute la vallée de la Kander, entraînant comme des fétus les ouvrages d’art qui constituent une grande partie de la voie de Spietz à Brigue…
Pour la troisième fois, après avoir atteint Eggishorn, il leur fallut camper au milieu des glaces, au-dessous du pic d’Aletshorn, qui dresse à quatre mille mètres dans l’espace sa tête glacée…
Une ombre froide tombait de ce géant des monts sur toute la région avoisinante, et les deux infortunés, sans feu, n’ayant pour se protéger contre le sol glacé que leur mince couverture, n’eurent d’autre ressource, pour lutter contre le froid, que de battre la semelle jusqu’au lever du jour… où ils se remirent en route, à travers un chaos véritable de roches monstrueuses.
Bientôt le sol se transforma : tout humus avait disparu… les pierres elles-même cessèrent de rouler sous leurs pieds : c’était de la glace pure sur laquelle ils cheminaient…
De droite et de gauche, comme les rives surélevées d’un fleuve immobile, des moraines désolées se dressaient, les encadrant…
— Le glacier d’Aletsh, déclara André après avoir consulté la carte.
C’était un chemin d’épouvante qu’ils suivaient à la suite de Fellow, chemin coupé de fondrières au fond