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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

— N’ayez crainte, ceux qui approcheront de vous auront affaire à moi…

— Oh ! répondit-elle avec crânerie, ce n’est pas à moi que je pense : j’ai Fellow et ils n’oseraient me toucher… Mais vous êtes si faible…

André se redressa :

— Qu’ils y viennent ! gronda-t-il en serrant les poings… ils verront…

— Si vous saviez comme j’ai eu de la peine à les faire stopper quand j’ai aperçu vos signes de détresse. Aucun ne voulait s’arrêter, prétendant qu’un passager de plus pourrait faire chavirer l’embarcation…

Les mains d’André cherchèrent celles de la jeune fille et les pressèrent avec effusion…

— C’est à vous que je dois la vie, murmura-t-il.

— Ne m’aviez-vous pas sauvée, vous le premier, quand le bâtiment a coulé ?… Si vous ne m’aviez portée dans ce canot, où serais-je en ce moment ?…

La nuit s’était faite complètement, une nuit sans lune et sans étoiles : on avait l’impression de naviguer sur des flots d’encre…

Épuisée, Fridette s’était allongée sur le fond même de l’embarcation, la tête appuyée sur les genoux d’André, un peu à l’écart des autres naufragés…

Fellow, assis sur son train de derrière, faisait, de sa masse imposante, un rempart à sa maîtresse, rempart impressionnant par la double rangée de crocs que découvrait par moments sa lèvre grondante.

André, lui, l’œil au guet, surveillait les ombres