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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/159

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

déclaraient derrière son dos qu’il ne se gênait point.

On prêtait moins d’attention aux vicaires, qui se ressemblaient tant par le rose de leurs joues, le blanc du liseré de leur col, et cette façon de porter un peu en arrière leur chapeau ecclésiastique, qu’on s’apercevait à peine que « le petit jeune » de l’an dernier avait été remplacé par un autre.

Lorsque le curé apparaissait et que les enfants l’avaient signalé, les femmes se penchaient entre les pots de géranium des croisées. On baissait la voix : « Tiens, le Curé qui passe »… Et on faisait des suppositions sur le but de sa visite.

Dans le cas de l’abbé Alain, on disait d’une voix naturelle : « Allons, voilà l’abbé Alain ! » Il devait même entendre prononcer son nom. La repasseuse qui amidonnait les coiffes, assise sur une chaise, dans l’embrasure de sa porte, et qui ne manquait pas un passant, et était libre de langage avec tout le monde, lui criait en le voyant courir à la côte : « Dépêchez-vous, Monsieur Alain, vous serez en retard pour la messe ! » Car sa précipitation le faisait reconnaître aussi bien que sa soutane. Comme ils avaient tous quelque chose à voir avec la mer, ils lui donnaient au vol une indication sur la marée, le vent,