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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/35

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

une entente. Il savait que ses exigences ne dépasseraient pas ses forces. Au-dedans, un malaise le saisissait. Les choses se pres­saient autour de lui, raréfiaient l’air respirable. Elles avaient, comme certaines fem­mes en vous parlant, un visage questionneur et trop proche. Elles l’adjuraient de se rappeler. Il cherchait à les repousser. Leur douceur enveloppante était pleine de menace. Il préférait le franc jeu du plein air. Là il était entre hommes. Il lui fallait se dé­fendre, se terrer, se réchauffer, assouvir sa faim. Il y trouvait ses joies, il prenait le soleil à pleins bras, et restait parfois immobile pour mieux entendre son cœur tumultueux battre dans sa poitrine.

Mais il ne comprenait plus le rapport entre lui et les choses du dedans. Il y avait là un lien brisé, un manque d’harmonie. Les visages heureux rapprochés dans le cercle d’une lampe papillonnaient devant ses yeux. Les ombres immobiles accroupies dans les angles l’effrayaient. Elles prenaient une posture d’animaux prêts à bondir. Tan­dis qu’au dehors, dès qu’elles devenaient menaçantes, le vent les bousculait sur la toile du ciel, les pourchassait parmi les décors de la terre. Il était lui-même une ombre errante. Il lui fallait l’espace, le mouvement, l’instabilité ambiante.