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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/49

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GRAND-LOUIS L’INNOCENT

Louis. Des marins étrangers, qui faisaient la pêche sur un chalutier à vapeur, gens redoutables toujours pris de boisson, lui avaient cherché noise, le bousculant au passage, et faisant rouler son panier dans la poussière.

Grand-Louis, le Grand-Louis fabuleux au­quel s’accrochaient tendrement les petits enfants quand ils le rencontraient dans les chemins, s’était jeté sur ses assaillants, écumant de rage, prêt à les étrangler, disait Vincente, si des pêcheurs du pays n’étaient intervenus. Les autres vocifé­raient en ce moment au-dessus de leurs verres, dans la mauvaise auberge du village.

La veillée fut calme. Il reprit sa place au coin de la cheminée. On eût dit, à son immobilité de pierre, qu’il rêvait, mais le regard au fond de ses yeux dilatés était comme une flamme figée. Ses mains ne tremblaient plus. Une pâleur légère flottait sur son visage.

Tout à coup il se leva, alla à la porte, de son grand pas d’automate. Il l’ouvrit, de­meura sur le seuil à s’orienter, les bras croisés, la tête rejetée en arrière, une dure expression de défi sur ses traits. Il fouillait la lande des yeux. Allait-il bondir vers le village, se mettre à la recherche de ses agresseurs ?