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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/51

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X


Un matin, ils se rencontrèrent dans la campagne, loin de la maison, sortis de l’ambiance coutumière, tous deux périlleuse­ment changés d’aspect. Ils allaient dans des directions opposées.

Le soleil, qui devait être déjà haut dans le ciel vaporeux, ne se montrait pas encore. L’homme-fantôme lui apparut à travers cette brume qui mettait de l’indécis autour de sa silhouette. Détachée du cadre de la lande, elle pouvait devenir grotesque dans les pauvres vêtements étriqués et trop courts. Ève ne fut frappée que par sa puissance.

De se trouver face à face, ils restèrent interdits. Malgré qu’il la regardât en ébau­chant un sourire, il n’avait pas l’air de la reconnaître. Son expression était mêlée d’incertitude et d’une timidité nouvelle. Ils étaient comme les passagers d’un navire