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Page:Le Franc - Grand-Louis l’innocent, 1925.djvu/56

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XI


C’était surtout le soir qu’il redevenait fabuleux. Il ne cherchait plus à s’accrocher à un monde dont les bords lui glissaient entre les doigts. Il reprenait sa personnalité. Il rentrait dans son domaine. Ève n’y tentait point d’incursions. Il était comme le reflet d’un paysage renversé sur les eaux, dont on sait qu’il est vain de vouloir se rapprocher. Il mettait dans l’ambiance un mystère qu’il eût été sacrilège de chercher à pénétrer. Cette atmosphère plaisait à son esprit de femme. Elle vivait là un roman qui dépassait son attente. Il y avait à ses côtés une âme aux contours si flottants et si vastes qu’elle ne les atteindrait jamais. Il faudrait continuer à aller devant soi en étendant les bras. Chaque jour renouve­lait entre elle et lui la nappe inconnue, la brume impénétrable. Ils resteraient l’un pour l’autre deux étrangers. Ils se rencon-