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Page:Le Franc - Le wattman - nouvelle canadienne inédite, Album universel, 29 septembre 1906.djvu/14

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Wilfrid s’en allait, consolé par la pensée qu’il reviendrait et passerait d’autres soirées pareilles.

Ils étaient heureux. Le seul point noir à l’horizon était la santé d’Aline. Maintenant, elle avait cessé tout travail, sur les objurgations de sa tante ; on vivrait un peu plus modestement, voilà tout ; la servante, qui coûtait cher, fut congédiée. On sous-loua l’appartement et les deux femmes se mirent en pension, occupant chacune une chambre très simple, jusqu’au moment où elles se décideraient à retourner à Cartierville. Il était facile d’avoir les soins d’un bon médecin pour Aline à Montréal.

Le mal sourd qui la rongeait et dont personne ne se rendait compte, à l’exception du docteur, fit des progrès effrayants. Elle toussait beaucoup maintenant ; la nuit, elle dormait mal, le front couvert de sueur ; le jour, des douleurs lancinantes lui brisaient le dos, la poitrine, et de subites faiblesses l’obligeaient à s’allonger sur la chaise-longue.

Elle retrouvait un peu de vie à l’arrivée de Wilfrid, et comme il la voyait seulement le soir, à la lumière, dans la surexcitation factice où la mettait le bonheur de sa présence, il s’illusionnait sur son état, s’impatientait seulement que ce mauvais rhume tint la pauvre petite prisonnière à la chambre.