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WILFRID LACOMBE appartenait à une famille de cultivateurs de l’Ouest. Comme il était le plus jeune de dix enfants et que ses frères et ses sœurs suffisaient à la besogne de la ferme, on décida que le petit irait faire ses études à Montréal, comme un monsieur. Les Lacombe, grâce à Dieu, étaient assez à l’aise pour pouvoir payer la pension de leur Benjamin.

On le mit dans un collège de la ville où, huit années durant, il usa force bouquins de latin, d’astronomie et de mythologie, voire même des manuels du savoir-vivre, mais où il mélangea, peu à peu sous l’influence de l’entente cordiale qui devait régner dans l’établissement, le français, sa langue maternelle, avec l’anglais que parlaient beaucoup de ses petits camarades.

À dix-huit ans, il quitta le collège pour entrer à l’Université, mais il fallait d’abord opter pour une carrière, pour la médecine ou le droit, les arts ou la mécanique.

Il se décida pour le droit, soit que, dans sa petite enfance, il eût entendu vanter autour de lui la supériorité des avocats sur les autres hommes, soit que cette année-là les élèves de sa promotion se sentissent attirés en masse et irrésistiblement vers la noble tâche de défenseurs de la veuve et de l’orphelin, soit peut-être que le bâtiment réservé à la faculté de