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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/101

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visages de montréal

dit s’il la juge trop dangereuse. À cheval, ce sont les meilleurs amis du monde.

Le nouveau ménage va assez souvent au théâtre. La Chevrolet est à la porte pour le retour. Une fois Germaine rentrée, Théo fait un crochet jusque chez sa femme, avant d’aller remiser au garage. Le temps est pluvieux ; les douleurs l’ont reprise, dans la hanche qu’elle s’est brisée il y a deux ans. Il a promis de la frotter. Elle a dû pour cette raison se coucher avant son heure, ce qui la rend d’humeur frondeuse. Il trouve qu’elle engraisse. Il n’aime que les femmes minces. Elle sait que sa remarque est injuste, car elle vient de se peser à l’automatique de l’ice-cream parlor. Alors elle le blague sur la maigreur de Germaine. Est-ce qu’il en a pour son argent ? Le voilà vexé. Il frotte comme on gratte un mal qui vous donne de furieuses démangeaisons. Jeannine se repent. Le pauv’vieux ! Après tout, il a ses difficultés : une auto, deux ménages à entretenir. Elle regrette ses impatiences, ses taquineries. Et au moment où il allume la cigarette du départ :

— Théo, il y a un os pour Peter à la cuisine. Emportez-le.


Elle est très sensible à la poésie de la nature. Elle aime les couchers de soleil sur Hill-Park. On la voit mettre son cheval au galop et lâcher le