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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/110

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marie le franc

la tribune des signes d’encouragement à Bobette en blanc et noir sur son cheval.

Pour consoler Bobette, Jeannine l’emmène avec elle ce jour-là, comme spectatrice, bien que Théo, informé de son intention, lui ait fait une scène épouvantable. Du coup, il n’a pas osé se montrer. Jeannine est au premier rang, braquant son face-à-main d’or sur les cavaliers, leur faisant un signe de tête amical. Des hommes venus seuls s’approchent pour la saluer : il y a là son notaire, son avocat, son architecte. Bobette se tient dans son ombre, muette, jolie, virginale.


Jeannine a fait une chute de cheval. Elle est blessée à la tempe et à la mâchoire. On l’a transportée au poste de secours de Hill-Park en attendant l’arrivée de l’ambulance. Elle a le visage couvert de boue et de sang. On la croit évanouie. Des cavaliers ont mis pied à terre et l’entourent. Il faudrait prévenir le mari. On va lui téléphoner du poste. Jeannine lève la main. De sa bouche tuméfiée, les paroles s’échappent péniblement : « Mon mari est trop nerveux. Vous allez l’effrayer. Demandez Mlle Germaine à la Mutual. Elle lui brisera la nouvelle. »

Théo l’a précédée à l’hôpital. Il a sa figure creusée des grandes crises, ses yeux noircis. Il a fait préparer la meilleure chambre. Il est si pâle