Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/152

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Camarades.

Ils sont à six réunis dans la vaste pièce : quatre hommes, deux femmes. L’intérêt repose sur un de ces hommes. À cause de lui, on serait tenté de dire : il n’y a là qu’un homme. Et ces deux femmes, à cause de lui, font nombre. Elles forment un cercle large, fermé, une chaîne d’yeux admiratifs, de bouches palpitantes, de cœurs tendus.

L’homme est assis sur un large divan, écroulé plutôt, écrasant de son poids les coussins, fripant la housse. Sa tête rejetée en arrière a l’air de vouloir s’enfoncer dans le mur et de poser sur un bloc de pierre sa fatigue. Son visage exprime une détente, du contentement et de la bonhommie. L’air distingué ? Il s’en fiche ! Dans sa pose abandonnée, son plastron bombe, prêt à éclater par l’ouverture du gilet de cérémonie, son col de chemise fléchit. Cet intellectuel doit sentir la sueur. Il y aura une tache huileuse demain, sur la tapisserie claire, à l’endroit où il appuya sa tête. Le torse tirebou-