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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/219

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visages de montréal

— Eh bien ? dit Annabel, en allongeant deux doigts au bout couleur d’ambre vers son étui à cigarettes, de son ton de badinage non exempt de défi.

— Eh bien, Annabel ?…

Et le mien signifia que j’attendais qu’elle parlât.

Elle avait subitement résolu, explique-t-elle, la veille du départ de son mari, d’aller consulter l’ancien docteur de sa famille, celui qui avait soigné sa mère et qui était resté l’ami du colonel Murray. Après la consultation, un taxi la conduisit directement du cabinet du docteur au Victoria. Il n’avait pas permis qu’elle rentrât au Ritz. Sa cousine May s’était chargée de venir lui préparer une valise avec la femme de chambre et de la lui apporter à l’hôpital. Pendant huit jours, elle n’avait fait que dormir et se désintoxiquer de ses poudres et de ses pilules ; défense de recevoir de visites. Les spécialistes avaient défilé près de son lit, faisant des tests, et le docteur passait chaque soir, comme en visite amicale, son chapeau et ses gants à la main, la taquinant et ne lui accordant pas plus d’importance qu’à une petite fille.

Chaque matin, la nurse la transportait dans un fauteuil roulant au solarium de la terrasse ; ensuite il y avait une séance de traitement électrique. Après quoi, rompue, elle ne demandait qu’à être