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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/223

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visages de montréal

plaine noyée et voir Annabel se détendre brusquement et grandir avec chaque syllabe.

Puis un ordre suivit :

Don’t move ! (Ne bougez pas.)

Et le silence. L’auto avait dû s’enliser.

Une heure plus tard, ce fut un clapotement de chevaux.

— Les voici, dit tranquillement Annabel.

Bientôt parurent deux silhouettes de cow-boys. Annabel saisit la bride de celui qui s’approcha le premier du tertre de planches, et debout sur un des étriers, s’accrochant d’une main au pommeau de la selle mexicaine, déclara d’un ton qui n’admettait pas de réplique : « Okay ! » que je traduisis par « Ça va ! »

Le second cavalier me prit en croupe, et nous allâmes au pas sur le terrain couvert d’un drap d’eau mouvante. Les montagnes se rapprochèrent. Nous entrâmes dans une vallée où à la lueur des étoiles je distinguai quelques baraquements neufs qui pouvaient être ceux d’une usine, et tout au bout de la vallée une petite maison basse et claire où tout dormait.

Uncle Adams ! cria du chemin la voix de cristal d’Annabel.

Rien ne répondit.

Mr Adams doit être en voyage, dit un des cavaliers. Il mit pied à terre, traversa en diagonale