Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
visages de montréal

novski, le désir de se rapprocher ou de reculer. À sa vue, on se croyait tout d’un coup affligé de myopie, parce qu’on ne parvenait pas à analyser l’étrangeté de son visage. Une jeune femme disait ensuite, en passant la main devant ses yeux, qu’elle croyait avoir eu un cauchemar. Une autre le déclarait beau comme un dieu. Les hommes réservaient leur jugement, ou bien haussaient les épaules.


Quelques semaines plus tard, Mlle Lucienne, appelée au téléphone, reconnut avec étonnement la voix de Stépanovski. Il était important qu’il la vît le jour même. D’ordinaire, c’était Mlle de Chantenay qui arrangeait les visites. On avait peine à s’imaginer Stépanovski assis sur le petit tabouret du hall de la maison d’appartements, la face tournée vers le mur, devant la boîte du téléphone, attendant la communication.

Ils vinrent tous les deux. Le prince avait l’air encore plus énigmatique que de coutume. Il avait gardé sa pelisse qui paraissait être boutonnée sur des documents secrets, et portait son lorgnon aux verres bleus.

— Il s’agit d’un événement grave, dit-il. Je considère qu’il est de mon devoir de vous avertir. J’ai été hier convoqué par le consul. Le ministère des affaires étrangères lui communique une dénon-