Randonnée.
Nous étions trois à nous rencontrer au seuil d’une automobile.
L’auto s’appelait Widgeon. Je défie les étrangers de prononcer ce nom. Il n’y avait que nous à savoir qu’il contenait deux ailes, et par-dessous, une espèce de plainte. Des ailes de canard sauvage. Voilà ce que signifiait Widgeon. Un canard qui est petit en comparaison de ses ailes. Et il faut l’avoir vu chez lui et dans ses fonctions pour comprendre ce que peut être un canard sauvage. Un petit canard coincé entre l’immensité de l’eau et du ciel, celui qui sort d’une forêt pour entrer dans une autre, et doit traverser au vol un bras de fleuve, une poitrine houleuse de lac. Il tient dans l’antenne allongée de son bec noir un message important, un sans-fil pour la forêt et ses ailes dépliées avec mesure, bien emboîtées dans l’air, marchent comme un vélocipède de haute allure, portant la blouse gonflée de son petit dos.