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Page:Le Franc - Visages de Montréal, 1934.djvu/97

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visages de montréal

quartier, car elle possède un visage de vierge, de la tenue, une bonne. Elle fait son marché en gants blancs. C’est avec son ami le plus chic et le plus généreux, un officier qui vient la voir de Toronto une fois par semaine, que Théo s’est colleté. Elle ne le lui pardonnera pas.

Il consent à avaler sa tablette de véronal, à se coucher. On éteint les lumières à cinq heures du matin. Mais le sommeil ne vient pas. Théo se lève, parcourt l’appartement, déversant sur Bobette un flot d’injures, prenant sa femme à témoin qu’il a été joué par la dernière des gourgandines — le terme qu’il emploie a moins de syllabes. — Nanki, affolée par ses éclats de voix, se met à hurler. Il l’empoigne, la secoue, l’injurie. Voici la douce Jeannine furieuse, criant que si c’est ainsi qu’il traite les femmes, elle comprend que Bobette se soit lassée. Elle ne sait pas qu’elle joue avec le feu. Théo a complètement perdu la tête. Il va commencer par tuer la chienne. Après il tuera Bobette, il se tuera lui-même. Il ouvre un tiroir dans sa chambre. Jeannine commence à avoir peur. Elle n’a pas le temps de se lever. Il est de retour avec son révolver. Il s’approche du lit sur lequel Nanki s’est réfugiée. Jeannine lui saisit le bras. Dans la lutte, le coup part. Le révolver choit sur le plancher. Silence. Théo est le plus pâle des deux. Il regarde d’un air hébété une mèche blonde détachée