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PRÉFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION

Entre les métriques savantes, qui ne se défendent point assez de l’hypothèse, et les métriques élémentaires, qui écartent de parti pris toutes les difficultés, nous avons cru qu’il pouvait y avoir place pour une métrique à la fois simple et renseignée, d’où la spéculation serait proscrite et qui se tiendrait étroitement sur le domaine de l’histoire et de l’observation.

Nous avons mis à profit les travaux de nos devanciers ; nous les avons complétés quelquefois ; nous ne les avons point toujours suivis. Mais là où nous nous sommes séparés d’eux, et particulièrement dans nos théories sur l’e muet, sur l’hiatus et sur le système des coupes, on doit croire que ce n’est point par recherche de la nouveauté, mais pour obéir à la logique même de nos observations. C’est ainsi qu’une étude plus attentive des documents nous a permis de redresser, à propos du Lai, une erreur commune à tous les traités.

On trouvera dans cette métrique un certain nombre d’exemples empruntés aux versificateurs les plus récents. Nous pensons qu’il n’y a pas lieu de nous en excuser. On ne connaîtrait qu’imparfaitement l’histoire du vers français, si l’on s’arrêtait à Hugo et aux romantiques de 1830. Un vers n’est point une chose indéfiniment stable. Les belles œuvres peuvent le fixer pour un temps ; elles ne le fixeront point pour toujours. Certes on peut regretter que notre versification ne se soit pas