Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/111

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années de la Restauration, mais fondé à crédit, ce qui obligea la duchesse d’Angoulème de s’en mêler pour parer aux réclamations des créanciers. La supérieure de cet établissement n’en gardait pas moins une reconnaissance véritable à Mme de Chateaubriand et, par-dessus elle, à son grand dépensier de mari. Elle leur fit offrir à tous deux d’habiter, non dans l’infirmerie même, mais dans une petite maison attenante. Le mur qui séparait cette maison des jardins de l’établissement serait abattu, et M. de Chateaubriand pourrait vaguer tout à l’aise, du matin au soir, sous des ombrages où l’on prendrait garde de ne point déranger sa rêverie.

Ainsi fut fait. Chateaubriand alla s’installer rue d’Enfer[1]. La maison qu’on lui avait aménagée était fort modeste, mais les fenêtres en donnaient sur un potager et un verger à travers lesquels une allée de peupliers menait à un boqueteau. Le cabinet de Chateaubriand regardait cette allée. Il s’y tenait tous les matins en compagnie d’un gros chat qu’il avait hérité de Léon XII, lors de son ambassade, coiffé d’un madras et vêtu de ce vêtement d’intérieur qui fut le sien jusqu’au bout, une longue redingote bleu foncé qui le prenait du menton aux pieds et lui faisait robe de chambre. Les religieuses étaient pleines d’attentions pour lui. Pourquoi faut-il qu’on ait imputé à l’intérêt une conduite qui n’était certainement dictée que par la reconnaissance toute pure ? Mais il est constant que l’infirmerie Marie-Thérèse tira force bénéfices de la

  1. Il habitait précédemment au 27 de la rue Saint-Dominique.