Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/119

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qu’il aurait dû passer chez elle sur son « boulevard », dans le « triste » jardin du Luxembourg, quelquefois plus loin, comme en témoigne cette lettre du 6 août 1840 : « Hier, j’ai fait une longue course au canal Saint-Martin ; c’est un bout de Paris qui me plaisait, parce que je croyais qu’il avait quelque ressemblance avec les pays d’eaux que vous habitez. J’étais tout charmé d’un haut pont sous lequel passe le canal, et de l’hôpital Saint-Louis, tout noir, ressemblant à un couvent avec des toits pointus à la Henri IV. Je me réfugie dans les combles du temps passé comme une chauve-souris. Voilà des plaisirs qui ne vous tourmenteront pas. » Lui-même voyageait, s’établissait quelques moments à Fontainebleau et à Chantilly, s’arrêtait à Cannes, « pour voir le lieu où Bonaparte, en débarquant, a changé la face du monde et nos destinées ». Fidèle à la dynastie déchue, il était en 1843 au rendez-vous de Belgrave square ; en 1845 encore, presque impotent, il allait porter, à Venise, au comte de Chambord, « l’hommage de sa vieille fidélité ». Quand il regagnait Paris, c’était pour se remettre tout de suite aux Mémoires. Il ne pouvait s’en séparer. L’affaiblissement de sa santé n’y faisait rien. Si la maladie avait un retentissement chez lui, c’était moins sur ses facultés que sur son caractère qui s’aigrissait de plus en plus. Il avait toujours eu des inégalités d’humeur, même avec les personnes qu’il aimait le mieux, comme Mme de Beaumont et la duchesse de Duras. La « bile noire paternelle » refaisait des siennes dans le fils, comme chez Mme de Farcy et la pauvre Lucile. « La faute en