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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/151

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UN AUTARCHISTE

(LE CONTRE-AMIRAL RÉVEILLÈRE)




J’ai bien envie de faire comme la Fontaine et de m’en aller demandant partout : « Avez-vous lu Baruch ? » Car j’ai mon Baruch aussi, mais il n’a rien de biblique. C’est le contre-amiral Réveillère, dont l’éditeur Berger-Levrault vient de publier un petit volume d’une centaine de pages intitulé Mégalithisme et que je me permets de signaler à votre attention.

Il n’y a point d’homme plus déconcertant que M. Réveillère. J’ai lu la plupart de ses livres et je conçois qu’ils aient rebuté la critique. C’est que chaque page, je dirais presque chaque ligne, y heurte quelque opinion reçue. Cet autarchiste, comme il aime à se qualifier, a pris la singulière habitude de penser par lui-même et de ne point regarder à l’opinion d’autrui. Il a sur toutes choses des vues personnelles et neuves. Il ne ferait que de naître qu’il ne serait pas plus affranchi des liens de la Tradition. Tandis qu’elle nous enserre dans ses mille bandelettes, lui se joue librement au milieu des phénomènes. Nos habitudes intellectuelles nous font les prisonniers des autres et de nous-mêmes ; lui ne cesse jamais de s’appartenir et, si le Réveillère de l’après-midi n’est point d’accord avec le Réveillère de la matinée, il n’en a cure ni de contrarier par l’un