Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/176

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teur. J’avais l’adresse de M. Zaccone. Tout de même, ce ne fut pas sans une légère appréhension que je grattai à son huis. S’il allait me rebuter ! Ce fut Mme Zaccone qui me reçut. Dans un petit salon qui faisait en même temps salle à manger, devant une grande volière toute bruissante de canaris et de verdiers, elle était assise, frêle et menue, un tricot à la main et l’air si affable sous son bonnet ruche que, tout de suite, je repris courage et lui exposai ma requête.

— Mon enfant, me dit-elle, vous avez eu grand raison de compter sur nous. Paris n’est point Morlaix ni Lannion et l’on y est perdu bien vite. Seulement, j’ai peur que vous n’ayez trouvé en nous de bien tristes correspondants. Mon mari travaille toute la semaine, dimanche compris, et moi, je ne quitte la maison que pour me rendre aux offices. Vous ne vous amuserez guère en notre compagnie.

Elle se leva et, me précédant, ouvrit une porte qui donnait dans le cabinet de travail de son mari et où je l’aperçus, en effet, qui, de sa fine écriture, noircissait de grandes feuilles de papier blanc dont il avait toute une rame posée sur son bureau. Il m’accueillit avec son bon sourire, me fit asseoir et, quand Mme Zaccone lui eut exposé l’objet de ma visite, me tendit les deux mains en disant pour toute réponse :

— Marché conclu !

J’entrai ainsi dans l’intimité de cet aimable vieillard. Régulièrement, à mes sorties, je le trouvais à la même table, dans la même robe de chambre à