Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/179

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Il suait à se donner des élégances qu’on ne lui avait point enseignées à l’école primaire ni même à l’école centrale de Brest où il avait eu quelque temps Émile Souvestre pour professeur de belles-lettres. Le Dernier des Kerbrat et les quelques autres récits qui formèrent les Époques historiques de la Bretagne[1] restèrent chez Zaccone à l’état d’accident, de phénomène sporadique. Dès qu’il eut pris pied dans l’administration des Postes et qu’il fut en résidence à Paris, le rez-de-chaussée des quotidiens lui parut le vrai domicile de sa pensée : tout de suite il s’y sentit chez lui.

Du moins ne s’abusait-il pas sur la portée et la durée de son « œuvre ». C’était le plus modeste des hommes. Je mentirais en disant qu’au plus beau temps de notre intimité j’aie jamais goûté sa littérature ; mais je dois reconnaître à sa décharge qu’il ne soufflait jamais mot de ses romans et de ses drames et ne mettait point ses visiteurs dans la pénible nécessité de lui en dire leur sentiment. Il faisait sa besogne d’homme de lettres comme il eût fait sa besogne d’épicier : avec probité et simplicité. Il y gagna une fortune. Les honneurs qui lui vinrent par la suite, son élévation à la présidence de la Société des gens de lettres, il les dut uniquement à l’aménité de son caractère, à cette bonté large et souriante qu’il montrait pour tous ses confrères et qui faisait de lui plus que le doyen, le patriarche vénéré du roman-feuilleton.

  1. Brest, Le Blois édit. 1845.