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LES GRANDS CALVAIRES DE BRETAGNE

paroissial. Mais la distribution des statues paraît avoir été faite sans grande réflexion et presque au hasard : les personnages, fouillés d’ailleurs avec soin, ne font groupe que dans la scène de la Mise au tombeau. Tels sont de vrais géants et d’autres, à leurs côtés, ont l’air de pygmées. Par là et surtout par la navrante indigence de son socle[1], le calvaire de Lanrivain, moins fruste peut-être, plus poussé dans le détail que celui de Tronoën, lui reste dans l’ensemble sensiblement inférieur : à Tronoën encore, la lourdeur du massif n’allait point sans une certaine noblesse ; on y découvrait, à la longue, je ne sais quelle beauté de

  1. On pourrait en dire autant du calvaire de Kergrist-Moëllou, sinon de celui de Runan, mais tel est l’état de délabrement de ce dernier calvaire qu’on hésite à se prononcer sur son compte autrement que par hypothèse. « Les débris, dit M. l’abbé Louis Monnier, en gisent çà et là dans l’herbe : un si déplorable acte de vandalisme est dû aux « Patriotes » de Pontrieux qui, en 1793, brisèrent les trois croix et les personnages qui reposaient sur la plate-forme, mutilèrent les statues du Christ, de la Vierge et des saints qui y étaient représentés assistant à la mort de l’homme-Dieu. Le piédestal seul résista à leur rage de destruction, non sans qu’il en gardât des traces. C’est un petit monument hexagonal : sur chacun de ses côtés se détache une triple ogive encadrée d’un fronton à rampants fleuronnés : les arcades sont séparées par de petits pinacles entre lesquels on aperçoit des niches minuscules. Au second plan existaient deux autres ogives encadrant des sujets taillés en relief sur le granit. Le socle du piédestal est d’une grande simplicité, mais la corniche forme un chapiteau sur le tailloir duquel court une belle guirlande de fruits et de feuilles de vigne. » (L’Église de Runan, ses origines, son histoire. Revue de Bretagne, de Vendée et d’Anjou, septembre 1900.)