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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/219

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Mise au tombeau, où Joseph d’Arimathie et un fossoyeur qui lui fait face atteignent presque la grandeur nature. Ce manque subit de proportions ne laisse pas de déconcerter. Est-ce recherche, artifice comme à Lanrivain ? Je croirais plutôt que ces deux statues sont d’une autre époque et qu’elles ont remplacé des statues plus anciennes. Mais il faut s’arrêter devant la tête de Christ sculptée sur le mouchoir de Véronique. Tout le drame du calvaire revit dans ces yeux graves et résignés, dans le dessin de cette bouche si pure, dans ce front large à contenir un monde. Notons également un diable en froc de pèlerin, qui se retrousse cyniquement pour montrer ses pieds fourchus et dont l’expression, supérieurement joviale et capricante, est obtenue au moyen d’un système de lignes concentriques du plus curieux effet. On dirait une caricature de Jossot ; mais ce diable est tout moderne : c’est une création originale de Jean l’Archantec, le restaurateur du monument.

J’ai insisté à dessein sur ce calvaire de Plougonven, parce qu’il est vraisemblablement l’un des premiers en date de nos calvaires bretons et aussi parce que, l’un des moins connus et des moins visités par les touristes, il est à mon sens, avec le calvaire de Pleyben, celui qui répond le mieux à l’esthétique du genre. Ni à Guimiliau, ni à Plougastel, vous ne trouverez ces proportions heureuses et ce sens de l’aménagement. Le choix d’un massif octogonal à pans réguliers témoigne d’un goût excellent. Rien ne choque l’œil, les deux étages, en retrait l’un sur l’autre, se superposent de la plus harmonieuse façon et ils sont domi-