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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/225

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de pays où les croix soient si nombreuses qu’en Basse-Bretagne. On aura une idée de la prédilection des Celto-Armoricains pour ce genre de monuments par ce simple fait que, au début du XVIIIe siècle, Roland de Neufville, évêque de Saint-Pol de Léon, se vantait d’avoir fait élever cinq mille croix et calvaires dans les seuls chemins et carrefours de son diocèse. Aujourd’hui encore, il est difficile de s’aventurer sur une route de Bretagne sans rencontrer, au bout d’une minute ou deux, enfoui à mi-corps dans un talus ou planant sur une éminence, quelqu’un de ces monuments primitifs de la foi de nos pères…


IV


La voie ferrée de Paris à Brest laisse sur sa droite, entre Morlaix et Landerneau, un petit bourg pareil à tous les bourgs bretons, mais dominé par un groupe architectural du plus curieux effet. Ce groupe, composé d’une église ogivale, d’un ossuaire, d’un arc de triomphe et d’un calvaire, s’aperçoit distinctement du train ; mais, jusqu’en 1899, la Compagnie de l’Ouest paraissait ignorer son existence. Une « halte » a été créée depuis ; elle supprime le long détour par Lampaul ou Saint-Thégonnec et vous jette tout de suite en plein cœur de Guimiliau.

L’église, l’arc de triomphe et l’ossuaire de Guimiliau mériteraient une description à part. Mais je ne m’occupe ici que des calvaires bretons et je m’en vou-