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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/230

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cune inscription : c’est peut-être saint Pol, peut-être aussi saint Miliau, qui a donné son nom à la paroisse et dont le pardon se tient le troisième dimanche de juillet. On s’y rend de dix lieues à la ronde. Saint Miliau, roi de la petite Cornouaille, que son frère Divrod assassina traîtreusement vers 531 pour prendre sa place, est souverain, dit-on, contre les furoncles et les clous : Sant Miliau a zo mad evit ann heskizi !

Une autre particularité notable du monument de Guimiliau est l’escalier intérieur ouvert dans l’un de ses appendices. Pourquoi cet escalier ? Il est facile de le deviner : tout de même que, les jours de pardon, l’autel du soubassement servait pour la célébration du culte[1], la plate-forme qui dominait l’autel devait servir d’ambon ou de chaire à prêcher. Les chaires intérieures des églises sont d’époque relativement récente. Les plus anciennes remontent à la fin du XIIIe siècle et ce sont des chaires italiennes. Dans les églises du nord de la France, ce n’est guère qu’au XVIe siècle qu’elles s’établissent définitivement. Mais en Bretagne, où, à certains jours de l’année, faute de place, les grandes manifestations du culte se déploient en plein air, tantôt on adosse la chaire à l’une des faces extérieures de l’église, tantôt on l’isole sur un massif plein au milieu du cimetière. Chaire et massif viennent-ils à manquer ? Le « promenoir » du calvaire en tient lieu. « De nos jours encore, dit M. René Kervi-

  1. C’était aussi l’usage, paraît-il, que les nouveaux prêtres y célébrassent leur première grand’messe.