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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/251

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les quatre fins dernières. Un paon symbolisait l’orgueil, un cochon la gourmandise, etc. ; il ne s’y voyait qu’une figure humaine : Catel-gollet qui incarnait la luxure. Monté sur une longue table, dit son biographe, une baguette blanche à la main dont il frappait les tableaux, l’abbé allait et venait, imitant Catel qui entrait au bal ou faisant la roue et se renversant comme les farauds de village ou crispant ses doigts, à la façon des ladres, sur un or imaginaire. Il y avait tant de vérité dans ses imitations que de dix lieues à la ronde on se rendait au prône pour l’entendre.

Ne sourions point trop de ces naïvetés. Les religions qui tournent au déisme philosophique sont bien près de leur déclin ; celles-là seules sont restées profondes et ancrées au cœur des foules qui ont gardé la rouille des vieux âges. Et puis tout n’est point méprisable dans cette autorité du curé breton. Portalis avait imaginé sous main de ressusciter les monitoires qu’il estimait d’un merveilleux secours pour la bonne administration de la justice séculière. Une décision du conseil d’État, en date du 10 septembre 1806, réglait, quelques années plus tard, les conditions dans lesquelles pouvait se produire cette intervention. Il est regrettable qu’on n’y fasse plus appel. L’impunité, ici, du moins, où le prêtre est tout, ne serait plus aussi fréquemment assurée aux assassins et aux voleurs.

Et que d’autres domaines où l’intervention du prêtre breton serait décisive ! Il faudrait seulement qu’il se résignât à ne l’exercer qu’où elle est tolérable et, comme il a renoncé définitivement à l’attitude